Ils sont assis côte à côte sur une banquette, presque imbriqués. Elle, volumineuse, déborde à droite dans le passage et à gauche sur lui, son frêle petit mari serré contre la fenêtre. Elle a les joues cloquées et les yeux mi-clos d’un gros crapaud qui digère. Le cheveu un peu rare sur le dessus du crâne, mais frisotté autour du front et qui finit en natte. Genoux ouverts, pieds écartés, mains péniblement jointes sur son ventre. Lui, coudes au corps, adopte une posture identique. Ses traits sont fins, ses cheveux très noirs. Il porte un pantalon verdâtre avec le pli du repassage. Elle est boudinée dans une veste marron, élimée aux poignets et au col. Un point rouge peint au milieu du front, juste au dessus de ses sourcils broussailleux qui se rejoignent presque. Lui creuse ses pattes d’oie à force de plisser les yeux et de froncer les sourcils. Ca lui donnent l’air infiniment soucieux. Il scrute les immeubles entre les stations Stalingrad et Jaurès en tripotant distraitement sa chevalière en or. Ballotés de concert par le roulis du métro, ils n’échangent pas une parole.