Le petit papier

C’est un tout petit monsieur vêtu de gris, casquette de laine posée sur le crâne, emmitouflé dans une rutilante parka Aigle. Il sort de sa poche un minuscule papier couvert d’une écriture serrée. Dans ses mains aux grosses veines bleues, le petit papier écrit recto verso tantôt à l’encre bleue, tantôt à l’encre noire est devenu tout mou à force d’être manipulé. Il se déchire un peu sur les bords. Le vieux monsieur le lit avec attention, derrière ses lunettes aux verres épais. Station Riquet, il le replie précautionneusement. Le glisse dans sa poche et descend.

Marie-George

Station République, sur le quai direction Bobigny-Pablo Picasso, un homme- cheveux gris mi-longs et blouson fatigué- brandit une pancarte. Marie-George Buffet y sourit sur fond rouge. “Marie-Georges Buffet est à Bercy ce soir” scande-t-il. Deux adolescentes passent. Même jean’s slim ultra-moulant, baskets montantes, blouson de cuir et mèche sur le côté. Elles gloussent et se poussent du coude. La plus hardie s’arrête et demande au militant “C’est qui ?”. Elle désigne la pancarte du menton. “Ben Marie-George”, répond le militant un peu désarçonné. Mine interrogative des gamines. “C’est Marie-George Buffet, la présidente du PCF”. “Le Pécéef ?” “Oui, le PCF, le parti communiste français”. “Haaaaaan”, feignent-elles de connaître. Elles s’éloignent en pouffant.