Les vacances

Une rame bondée sur la ligne 7. Ils sont quatre, le père, la mère et les deux filles. L’adolescente panique. Elle tire frénétiquement la poignée de sa valise coincée entre les portes qui se referment. Son père l’engueule. Pull orange vif et visage congestionné, il charrie aussi une grosse valise bleue à roulettes. La mère, encombrée d’un sac vert Harrod’s, traîne son barda. D’un coup d’oeil, elle balaie la rame. Manque la cadette. La petite, couettes au vent et ciré vert-pomme, est à la traîne. Elle monte par une autre porte, cherche ses parents. Elle se fraie un chemin jusqu’à eux dans la rame bondée, à grands coups de sac à dos rose. “On part en vacances, on part en vacances” chantonne-t-elle. Gare de l’Est, le tourbillon coloré de la famille Fenouillard bouscule tout le monde et descend.

Le violoniste

Courbé en deux sur son violon, un tout petit vieillard au teint rouge joue un air guilleret. Les grincements de son instrument couvrent à peine ceux du métro. Il porte une chemise à carreaux bleu pétrole et un gilet noir, un pantalon à rayures et de fines lunettes dorées. A la fin de son air, il louvoie péniblement dans la rame surpeuplée. Toujours plié en deux, tête baissée, un gobelet de café vide à la main.

Touristes

Un couple, petite vingtaine et fort accent marseillais, examine un plan de Paris. Lui, défaitiste :” Qu’est-ce qu’on peut faire aujourd’hui ? Montmartre ? S’il fait pas beau, ça vaut pas le coup”. Il désigne le plan “Et là, dans ce coin, y a que ça à voir ?” Elle : “Y a la Tour Eiffel, le Trocadéro, le Champ de Mars, les Champs Elysées, le Louvre…”